Vous connaissez les essais détaillés. Voici les essais décalés, ceux qui font la part belle aux sensations de conduite sportive. Attention: subjectivité…

 

Renault Twingo II RS

Une heure et demi, c’est court. Mais c’est suffisant pour tomber sous le charme de la Renault Twingo RS. Serait-ce la meilleure sportive à 15.000 euros?

Premier contact visuel: je trouve la nouvelle Twingo moins originale que la précédente. Elle est rentrée dans le rang. On la confondrait presque avec une Citroën C2, de l’arrière! Heureusement, quelques -trop- discrets appendices sont là pour attirer le regard et éveiller la curiosité: boucliers, extensions d’ailes, bas de caisses, aileron. Pas suffisant pour la transformer radicalement et l’éloigner de la version GT. Et ce ne sont pas les ridicules autocollants optionnels qui vont y remédier!
Malgré tout, à force de tourner autour, on s’y attache. Elle est bien proportionnée, ramassée, les roues rejetées aux 4 coins. Il lui manque juste cette petite touche de fantaisie… Une prise d’air NACA sur un côté du capot, un extracteur d’air arrière (ça, c'est maintenant disponible en option) avec double échappement, central ou latéral comme sur la Clio, bref, quelque chose qui fait monter la testostérone. Il fallait rendre le projet pour vendredi 16h ou quoi? Les designers chez Abarth ont apparemment meilleure inspiration…

Mais cette discrétion s’explique aussi par la volonté de limiter les coûts, ce qui propulse cette Twingo RS en Pole Position des bombinettes accessibles. Le tarif et les quelques options n’ont rien de délirant, et en fin de compte, le rapport prestations/prix est au sommet.
En effet, on s’obstine à comparer la Twingo RS à la Abarth 500, mais celle-ci tombe finalement dans les tarifs de la Clio RS, qui offre des prestations largement supérieures… La 500 a pour elle son design intérieur et extérieur, ce qui, il faut bien l’avouer, représenter au moins 50% d’un achat. Elle a également le nom. En effet, Fiat a bien compris qu’il fallait ressusciter (artificiellement) un nom qui parle aux amateurs. Renault, ça ne le fait pas. Dire qu'il y avait Alpine...

Petit bémol également : le choix des coloris est restreint et plutôt triste. Pourtant, la première génération de Twingo n’était disponible que dans des couleurs incroyables. Chez Porsche, les 997GT3 RS ressemblent à un paquet de M&M’s. Pourquoi ne pas proposer ceux de la nouvelle Clio Sport, pour harmoniser la gamme? Il est où, le jaune Sirius?

 


Je regrette le manque de teintes rigolotes.

 


Une bonne tête d'Alien bien agressive!

 


Le profil, comme l'arrière, est un peu trop banal.

 

J’avoue, j’étais curieux. Un peu sceptique, aussi. 133 chevaux, ça fait sourire aujourd’hui, mais c’est plus qu’une Alpine A110 1300, plus qu’une Golf I GTI, plus que la première Lotus Elise! Bon, dans une petite boite à chaussures, ça devrait suffire. Et le moteur est une bonne surprise. On sait que Renault, malgré ses titres de champion de monde de F1 en tant que motoriste pendant des années, a souvent été à la traîne pour les autos de série. Or ici, on sent qu’un petit effort a été fait pour flatter le conducteur: la sonorité fenêtre baissée est discrète mais sympathique. Sûr, ce n’est pas du lyrisme à l’italienne, mais elle colle bien à cette image de petite puce survoltée.
Ce 1.6L 16 soupapes est volontaire, assez coupleux pour un atmosphérique et vigoureux (merci le poids contenu!). Les accélérations sont franches, bien que peu impressionnantes: nous sommes dans une mini-citadine, pas une Supercar, ne l’oublions pas. Les sensations sont donc menues. Aseptisée? Peut-être. Mais le temps des monstres est révolu. Security First! De plus, il faut se mettre en tête qu’on n’est pas dans une Lotus Exige, encore 4x plus chère. Cela posé, on commence à avoir le sourire aux lèvres à chaque feu rouge. Le moteur prend un peu plus de 6500 tours et les 200km/h compteur sont atteints assez rapidement, même si on se rend compte tout de suite qu’elle n’est pas née pour cela.

Non, ce qui constitue le vrai trait de caractère sportif et marquant de cette Twingo RS, c’est son châssis. Il est ferme, néanmoins ça ne se ressent que lors de franchissement de bordure ou de dos d’âne. Et ceux-ci, même pris à -très- vive allure, sont absorbés de façon remarquable. La prise de roulis est suffisamment faible pour mettre en confiance. On hausse le rythme, on freine tard, l’arrière léger de la voiture chasse un peu, on profite de l’excellent train avant pour la placer où l’on veut, et il est même possible de faire glisser l’arrière dans les ronds-points. Super amusant, mais je me demande ce qu’il en est sous la pluie. L’empattement court la rend agile, mais aussi nerveuse, et j’ai l’impression qu’en conduite musclée sur le mouillé, il faut être du genre concentré… Concentré sur ma conduite, j’ignore si l’ESP s’est déclenché lors de mes dérives succinctes, mais je le présume. Wouaw!

Le train avant est du genre tête chercheuse : aucun sous-virage, très bon grip, même lors de remises des gaz maladroites en courbe. Pas de réactions parasites, sauf lors de fortes accélérations sur chaussée déformée, mais ça n’est pas gênant. Les gros pneus se cherchent juste un peu. Au démarrage, il n’est pas rare de patiner un peu, et même en deuxième lors d’un passage de rapport un peu viril. La direction, revue, est ferme juste comme il faut, précise et connectée aux roues, ce qui devient rare de nos jours… Un régal. On passerait son temps à améliorer ses chronos d’un bout à l’autre de ce parc industriel!

A noter que le modèle essayé n’était pas doté du châssis Cup, donc disposait de jantes en 16 pouces, ce qui le rend sans doute un poil plus joueur. La largeur des pneumatiques est identique, mais le flanc est plus bas avec l’option Cup. J’aurais aimé essayer ce châssis directement, pour comparer. Si les qualités dynamiques sont préservées, ça vaut le coup. Les jantes 17 pouces sont bien plus jolies, surtout en anthracite, et l’auto est plus visuellement « assise ». Reste à voir si cela affecte le confort de suspension, au demeurant très bon pour ce style d’auto. Il n’en reste pas moins que je n’ai jamais pris autant de plaisir au volant d’une traction!

Par contre, la Twingo RS se révèle bruyante sur autoroute. 4000 tours à 120km/h, c’est trop. Le manque d’une 6ème se fait cruellement sentir. Outre le côté « sport » et autosatisfaction de l’ego qu’elle apporte lors des conversations de Bistro, elle permettrait de baisser le bruit et la consommation, et de rapprocher les rapports. De plus, la commande de boite présente une légère résistance désagréable à l’engagement des rapports, et le pommeau de série n’est pas des plus sportif. Il en existe un plus suggestif en option (Griffe Renault Sport) que je n’ai pas eu l’occasion d’essayer, mais je pense qu’il se justifie.
Heureusement, le pédalier est plaisant et le talon-pointe vient naturellement. Le freinage est mordant mais pas trop assisté, maladie chez Renault sur certains modèles, donc facile à doser. Un ralentissement d’urgence de 190km/h à 120km/h ne pose aucun problème.

 


Le comportement dynamique est incroyable!

 


Allez, encore un petit effort sur le caractère…

 


A 120km/h, ça mouline trop!

 

L’intérieur a fait un réel progrès en qualité perçue par rapport aux Twingo 1, mais ça reste peu flatteur. D’accord, nous sommes dans une auto bon marché, mais au lieu de nous imposer de série des pseudo équipements tels que l’allumage automatique des feux ou les essuie-glaces automatiques qui marchent lorsque ce n’est pas nécessaire, pourquoi ne pas proposer le cuir ou des teintes « fun » pour les moquettes et le tableau de bord? A part les ceintures orange (Ah, les marketings managers seraient-ils allés faire un tour en 911GT3?) et les surpiqûres spécifiques des sièges, rien à signaler. Noir, ça fait sans doute sérieux, mais pas très rigolo. Or, rouler en Twingo RS, c’est faire preuve d’une certaine joie de vivre!

Le maintien et le confort des sièges sont néanmoins excellents, même si l’assise tient un peu trop chaud le fessier. Et vu le nombre de fois où l’on serre les fesses en abordant un virage beaucoup trop vite en se disant « là, c’est dehors », ça serait utile…
La banquette séparée est toujours aussi bien pensée, l’espace à l’arrière est parfait, siège avant reculé à fond, banquette de même. Deux adultes peuvent y voyager confortablement, même si le coffre fait caisse de résonance et l’absence de plage arrière convenable (bruyante, au passage) laisse passer un bruit de roulement lancinant. On ne partirait pas dans le Sud de la France comme ça, mais ça dépanne largement. Par contre, l’accès à l’arrière n’est pas facilité par le siège basculant qui a une fâcheuse tendance à revenir en place et à broyer les mollets. Le coffre est généreux pour le gabarit.

A signaler également, le chouette compte-tours sur la colonne de direction, qui descend avec celle-ci et reste de fait visible. Le graphisme est dynamique, mais pour le reste, on cherche le moindre manomètre sensé rassurer sur l’état de la mécanique… Pourquoi pas une simple température d’eau et une pression d’huile de chaque côté? C’est une Renault SPORT, non?

J’ai eu l’occasion, la veille de cet essai, de m’asseoir dans l’auto d’un client qui venait prendre livraison. Noire, châssis Cup, toit ouvrant. Superbe. « Mon » auto n’était pas équipée du toit ouvrant panoramique en verre qui doit sans doute légèrement pénaliser le comportement routier (à vérifier), mais il apporte une luminosité bienvenue dans cet habitacle tristounet. La climatisation automatique (option, manuelle de série) est efficace, la radio MP3 à commandes au volant (option, radio classique de série) également. Certes, la logique sportive voudrait qu’on la dépouille au maximum, mais justement, cette Twingo RS reste une voiture à vivre tous les jours. Ce n’est pas une bête de circuit, mais plutôt l’auto de madame qui aime prendre ses ronds-points sur 3 roues en revenant du supermarché. Vous comprenez monsieur l’agent, j’ai des surgelés…

 


L'intérieur un peu tristounet.

 


Le sympathique compte-tours.

 


L'ingénieuse banquette est conservée.

 

Conclusion:
Vous l’aurez compris, j’ai été conquis. Evidemment, il y a mieux, mais c’est plus cher et plus puissant donc moins économique (carburant, taxes, assurance). L’avantage de la Twingo RS est d’offrir de vraies sensations pour un budget contenu, à la portée des jeunes. Mais ceux-ci seront sans doute plus attirés par la tape-à-l’œil Fiat 500… Dommage, ils passeront à côté d’une bonne séance de pilotage. Parce que pour 15.000 euros, il n’y a rien de mieux !


Une RS? Oui, mais pas de la bonne marque…

 


Les jantes Cup en 17" sont autrement plus réussies.

 


Citroën C2? Non, Renault Twingo!

 


Enfin une petite bombe!

 


Un nom qui ne fait pas -encore!- rêver…

 


Je doute que les pneus tiennent très longtemps!

 


"Cette petite peste a pris ma place dans le coeur de mon homme! Pourtant, elle est beaucoup moins belle que moi, et son nom ne fait pas rêver. Mais elle a 4 places et un coffre! Et 12 ans de moins, snif... Je suis un mannequin exigeant, elle est une bonne copine. Les hommes, tous les mêmes... Notre prix de revient au quotidien doit être sensiblement identique (conso, taxes et entretiens) et son châssis tente d'imiter le mien. Je serais bien curieuse de me tirer quelques bourres avec elle, histoire de voir si elle me colle aux basques. Ou pas. Comment ça, moi, jalouse?"

 


- Rapport prix/prestations (politique de vente)
- Moteur agréable (disponible, sonorité)
- Châssis au top (comportement routier amusant)
- Confort préservé (habitabilité grâce à la banquette)
- Freinage impeccable
- Sièges baquets confortables
- Discrétion...

- Coloris extérieurs et intérieurs
- Manque une boite 6 (consommation, bruyante sur autoroute)
- Boite accrocheuse (et pommeau d'origine désagréable)
- Obligation des phares et essuie-glaces automatiques
- Instrumentation incomplète
- Absence de cuir
- ... Style trop sage?

Conditions de l'essai:
Date: 05/08/2009
Durée: 1h30
Météo: (27°)
Conducteur:
Passager:
Autoroute:
Ville:
Routes pavées:
Circuit:
Ronds-points:
Pif-Paf:
 
0 à 100km/h à fond:
Vitesse Maxi:

©Titchati 2009